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Jacopo Larcher réussit l’ascension de Bon Voyage

Dans la forêt de grès d’Annot, noyée d’humidité hivernale en ce début décembre, Jacopo Larcher a finalement décroché ce qu’il poursuivait depuis plus de deux ans : une ascension impeccable de Bon Voyage, la ligne extrême ouverte par James Pearson en 2023 et cotée E12.
Une performance rare, rejointe avant lui seulement par Adam Ondra et Seb Berthe, tous deux passés au printemps 2024.
Larcher avait découvert la voie dès 2023, lorsque Pearson lui avait montré quelques photos de ce départ commun avec Le Voyage, avant que la ligne ne s’échappe délicatement vers la gauche, dans des pockets minuscules, jusqu’à une arête finale aussi technique qu’aérienne. « Des protections béton… mais aussi de très grosses chutes », lui avait glissé Pearson. Le mélange parfait pour séduire un grimpeur comme lui.
Ses premiers essais l’avaient pourtant rapidement confronté au nerf du problème : un mono vicieux, trop exigeant pour son auriculaire, qu’il a fini par se déchirer. Constat sans appel : tant que ce mouvement ne rentrerait pas, inutile d’essayer en tête. Il met alors le projet de côté, jonglant avec d’autres projets secondaires.
Un retour en 2024 ne donne pas davantage de progrès.
Début 2025, l’espoir revient : un hiver studieux, puis une semaine à Annot avec son ami Nemuel Feuerle. Pour la première fois, le mono semble accessible.
Le feu remonte, les plans s’ajustent… jusqu’à une mauvaise manipulation qui lui provoque une blessure au cou. Un mois d’arrêt. Perte de force. Et un projet de nouveau suspendu.
L’été passe, puis la saison repointe le bout de son nez. Le plan initial était de repartir pour le Yosemite, jusqu’à la blessure de Babsi et l’annulation du voyage.
Bon Voyage revient alors doucement hanter son esprit, au moment même où un autre ami se montre motivé pour y retourner. Jacopo recommence à travailler son auriculaire, prudemment, et repart à Annot mi-novembre.
Cette fois, tout semble différent. Il tient le mono dès les premiers jours. L’ambiance avec les partenaires, la motivation partagée, la légèreté retrouvée — tout le replace dans un état d’esprit qu’il n’avait plus connu depuis longtemps. Lors de sa première tentative en tête, il grimpe mal, tendu, mais la chute le libère : enfin, il peut réellement essayer. Et chaque essai devient une avancée.
« C’était comme une journée normale à la falaise, pas le stress d’un headpointing d’une voie mythique », raconte-t-il.
Un dernier obstacle persiste : l’arête finale. Malgré la tenue du mono, il chute cinq fois au-dessus.
Le 29 novembre, tout s’aligne. Jacopo Larcher parle d’un état de flow rare, où chaque geste se place sans résistance. Un enchaînement presque fluide, inattendu au terme d’une lutte aussi longue.
« Au final, ce n’est qu’un morceau de rocher… mais je suis reconnaissant pour tout ce que cette voie m’a appris », confie-t-il.
Persévérance, partage, redécouverte d’un pays qu’il aime, et surtout retrouvailles avec une motivation qu’il avait cru égarée après une année 2025 compliquée.
Un véritable Bon Voyage, au sens propre comme au figuré — et une répétition majeure pour l’une des voies trad les plus exigeantes de la planète.
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