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Simon Favrot : dans le Monde du Shaping des Prises d'Escalade





L'histoire de chaque passionné commence par une étincelle. Pour Simon Favrot, cette étincelle a allumé un feu qui a embrasé son amour pour le shape des prises d'escalade. Dès le début, ce n'était pas seulement une question de créer des prises, mais de sculpter des expériences d'escalade uniques.

Dans une interview, Simon partage son voyage depuis les premières formes brutes jusqu'à l'évolution de son art, transformant des blocs de mousse en objets de désir pour les grimpeurs.


Qu'est-ce qui t'a inspiré à devenir un shaper de prises d'escalade ?

 

"J’ai toujours été attiré par les arts graphiques et la sculpture. Je pratiquais un peu la sculpture sur bois et métal. J’ai trouvé de la mousse en PU spéciale pour le shape quand je travaillais chez @EPclimbing. J’ai commencé à shaper pour m’amuser. Mes premiers shapes étaient plus des sculptures que des prises d’escalades… Je me concentrais essentiellement sur la forme plus que sur la préhension. Peu a peu j’ai appris et j’ai finis par réussir à adapter la forme à la préhension et non l’inverse.

J’ai pris gout à travailler cette matière, c’est devenu une passion, je suis devenu shaper."


Le Processus Créatif : Entre Inspiration et Réalisation


Le processus créatif de Simon est un mélange d'inspiration et d'expérimentation. Cela commence par une étincelle, une image dans son esprit qu'il capture à travers des croquis rudimentaires. Ces croquis, bien que simples, sont des témoins précieux de ses idées, préservant l'essence de chaque concept. Il laisse ensuite libre cours à son imagination tout en façonnant la mousse, explorant de nouvelles voies et découvrant des formes qui émergent souvent au-delà de ses premières intentions. C'est dans cette exploration que réside la magie du processus de création de Simon.


Comment décrirais-tu ton processus de création de nouvelles prises ?

 

"Il faut déjà une idée, une inspiration, une envie. Je visualise pas mal dans ma tête. Ensuite je dessine un peu. Pas des dessins de qualités, juste des croquis qui expriment aux mieux et au plus simple mon idée ou mon concept. Le dessin me sert beaucoup à ne pas oublier. On peut avoir une super idée et si on ne la shape pas tout de suite on l’oublie rapidement. Le dessin permet de garder une trace. Aussi quand je suis en manque d’inspiration, c’est pratique de pouvoir feuilleter les carnets de dessins pour retrouver des concepts intéressants.

Après je commence à shaper, je fais pas mal de test, je me laisse beaucoup de liberté. Je commence souvent avec une idée précise et au fur et à mesure je laisse aussi parler l’instinct.

Je trouve qu’il y a une grande part de découverte quand je shape. Finalement je suis souvent plus satisfait du résultat quand le shape évolue et se libère de mon idée de base.

Après il y a pleins d’approche différente suivant si c’est moi qui propose une ligne ou si c’est une marque qui me fait une demande particulière…"


Quelle est la partie la plus gratifiante de ton travail en tant que shaper ?

 

"C’est de pouvoir tester les produits après la production et voir des gens grimper dessus.

C’est toujours dur de se rendre compte du résultat final d’une prise par rapport à son prototype en mousse. La mousse reste fragile, on ne peut pas tirer dessus ou se pendre après.

C’est toujours un moment existant de pouvoir tester en vrai et de voir la réaction des ouvreurs et des grimpeurs."


Quels sont les matériaux que tu préfères utiliser lors de la création de prises ?

"Je ne travaille qu’avec de la mousse PU. J’ai déjà utilisé le bois mais je n’ai pas le temps de développer mon travail sur ce médium. Le matériau pour réaliser mon dual-texture, ça c’est un secret !"


Peux-tu nous décrire une journée dans ta vie en tant que shaper de prises ?

 

"Pas se lever trop tôt, une pinte de café et un kiwi, la JBL basses à fond, le téléphone en mode avion, le masque bien ajusté, et GO jusque tard le soir."





L'Inspiration Sans Frontières : Entre Art et Nature


L'univers de Simon est vaste. Il puise son inspiration dans les recoins les plus inattendus, que ce soit les détails d'une peinture dans un musée, les angles des bâtiments urbains ou les formes organiques de la nature. Chaque expérience, chaque émotion est une source potentielle d'inspiration, alimentant son processus de création. De plus, le dialogue constant avec d'autres passionnés, qu'ils soient grimpeurs, ouvreurs ou shapers, enrichit continuellement son approche et élargit ses horizons créatifs.


Quelles sont tes principales sources d'inspiration lors de la conception de nouvelles prises ?

 

"J’essai de m’inspirer des choses qui me plaisent, des choses que j’ai étudié, des endroits que j’ai visité, des émotions que j’ai ressenties. Si je vais au musée ça peut être une forme dans une peinture, une sculpture. En ville les angles des bâtiments sont souvent travaillés et dévoilent parfois des préhensions intéressantes. Dans les églises il y a pleins de formes super détaillés très inspirantes. Après il y a aussi bien sûr la nature. On est souvent inspiré par le rocher et les préhensions sur lesquels on grimpe. Et puis les prises existantes. Je regarde beaucoup les coupes du monde pour voir un maximum de nouvelles prises et comprendre comment elles sont utilisées par les ouvreurs. Les échanges avec les amis grimpeurs, ouvreurs ou autres shapers sont aussi super important.

Le mix de tout ces éléments me guide pour trouver de nouvelles lignes."





Le Défi de l'Innovation : Entre Tradition et Expérimentation


Innovation et réinvention sont les mots d'ordre pour Simon. En tant que shaper, il doit constamment repousser les limites, explorer de nouveaux territoires et défier les conventions. C'est un défi exaltant et exigeant, mais c'est aussi là que réside la clé de son évolution constante. Chaque jour est une opportunité de découvrir quelque chose de nouveau, d'expérimenter avec des formes, des textures et des matériaux, et de trouver des moyens de surprendre et de ravir les grimpeurs.


Quels défis rencontres tu lors de la conception de prises d'escalade ?

 

"Le principal défi est de se réinventer. Ne pas rester dans ses habitudes. Tant dans la manière de travailler que dans ses outils ou sa gestuelle. Une technique qui va bien, c’est bien, mais comment savoir si il n’y a pas mieux sans expérimenter de nouvelles choses.

Ça prend du temps mais c’est essentiel pour se renouveler et progresser."


Quel impact penses-tu que les prises d'escalade peuvent avoir sur l'expérience globale des grimpeurs ?

"J’espère qu’elles les inspirent, qu’elles leur donnent envie, qu’elles leur procurent des sensations, des émotions bonnes ou mauvaises. Le tout pour leur donner envie de continuer à grimper, de s’exprimer, de s’amuser, de s’améliorer et de se renouveler."





L'Avenir : Entre Tradition et Durabilité


L'avenir de l'industrie des prises d'escalade est prometteur mais aussi chargé de défis. Simon voit une évolution vers des matériaux plus respectueux de l'environnement, une tendance vers des solutions durables tout en continuant à explorer de nouveaux horizons créatifs. Il espère également que l'industrie continuera à inspirer les grimpeurs, à les pousser à repousser leurs limites et à vivre des expériences mémorables sur les parois.


Y a-t-il des tendances émergentes dans le design des prises d'escalade dont tu es particulièrement enthousiaste ?

 

Chaque année dans les Salons ou sur les coupes du monde il y a pleins de nouveauté, formes matières, textures, matériaux, on a l’impression que c’est inépuisable. Les dernières innovations qui m’ont marqué sont la nouvelle matière de prise recyclable de @Ghold qu’on a pu tester avec la gamme « Mini Mercy » de @artlineholds et les prises transparentes @flatholds dévoilées pour la première fois lors de la coupe du monde de Bern 2023.


Comment vois-tu l'avenir de l'industrie des prises d'escalade ?

 

"Il est au beau fixe et même en pleine croissance. Je pense ça va durer un moment mais peut être pas indéterminément. Le coté environnemental devrait nous rattraper. Pour le moment la majorité des marques suivent les mêmes tendances. Prises PU, toujours plus gros, toujours plus grand. Il y a une réflexion à avoir la dessus mais en même temps ça accompagne les nouveaux styles d’escalades et le coté visuels qui est aujourd’hui très important. Il y a enfin des alternatives concrètes et intéressantes sur les matériaux, Prises bois, Prises recyclables, Retexturassions de prises."


 Quels conseils donnerais-tu à ceux qui aspirent à devenir des shapers de prises d'escalade ?

 

"Je leur conseil de s’acheter un bon couteau à pain bien aiguisé, un bon masque et d’avoir un local qui n’a pas peur de la poussière pour commencer. La mousse c’est dur à trouver mais en cherchant bien on peut y arriver. Si ils sont motivés il n’y a aucune raison de ne pas y arriver. Personnellement j’y ai passé beaucoup de temps pour commencer, des jours et des nuits entières, dans des conditions pas toujours faciles ( dehors en hiver sur un balcon ou dans un atelier sans fenêtre…) mais l’envie ne m’a jamais lâché et le plaisir est toujours là."




💬 : Simon Favrot : www.simonshaperarchitecte.fr

📷 : Cam Savary / Clarisse Delauriston

🗞 : GrimpActu.

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