Erwan Lievin : Un exploit historique en para-escalade avec "Le Pilier du Désert"

À seulement 22 ans, Erwan Lievin vient de réaliser un exploit sans précédent.

Enchaîner un 7C+ bloc est déjà une performance remarquable, mais le faire à une seule main relève de l’extraordinaire. Avec Le Pilier du Désert, il inscrit son nom dans l’histoire de la grimpe et repousse les possible du para-escalade.

Retour sur un parcours impressionnant et une victoire symbolique.

Erwan Lievin a débuté l'escalade il y a seulement trois ans et demi, lorsqu'il a intégré une licence STAPS. C'est au sein du club de l'Union Sportive de Bures-sur-Yvette (USBY) qu'il a fait ses premiers pas, et où il continue d’être soutenu aujourd’hui. Il exprime sa gratitude envers son club et son coach, Ludovic Delmotte, qui l'accompagne toujours dans ses projets.

Depuis trois ans, il représente l’équipe de France sur le circuit international. Cependant, cette année, il ne fera pas partie de la sélection nationale après avoir terminé troisième aux Championnats de France. Une déception qui s'est vite transformée en opportunité : pouvoir se concentrer pleinement sur l’escalade en extérieur, notamment à Fontainebleau.

Une bataille acharnée pour une réussite hors norme

En mai 2023, Erwan avait déjà enchaîné son premier 7C, Bagheera, ce qui l’a définitivement converti à travailler des blocs exigeants en extérieur, si vous souhaitez (re) découvrir cette performance : Erwan Lievin : L'ascension d'un champion de para-escalade.

Puis cette année 5 jours seulement après les championnats de France de para escalade il enchaîne Le Pilier du Désert, un 7C+ très physique en compression. Il nous raconte :

« Pour décrire le bloc à ceux qui ne le connaissent pas, Le Pilier du Désert est un bloc très physique, en compression, avec un départ sauté très proche. Il faut être précis en arrivant sur une arquée main droite et une rampe plate main gauche. Ensuite, on monte un talon gauche au niveau de la main pour remonter la rampe jusqu'à l'endroit où elle tient le mieux, placer un pied droit à plat et envoyer toute son énergie sur un très bon plat. Là, le crux est de ne pas toucher les pads et de contrôler le ballant. S'ensuit une petite traversée pas très dure sur des médaillons super classes, puis un réta vraiment pas compliqué pour un bloc à Fontainebleau. »

Ce bloc représentait un véritable projet pour Erwan. L’hiver précédent, il y avait consacré trois/quatre séances sans parvenir à exécuter le mouvement clé du milieu. Malgré l’abandon temporaire du projet, il y est retourné récemment, motivé par l’envie de voir ses progrès.

« Cet hiver, je n’y suis pas retourné, car j’avais d’autres projets en tête que je voulais essayer, qui ne sont pas sortis au final, mais bon, affaire à suivre.

J’ai repensé à ce bloc, je me suis motivé à y retourner pour voir si j’étais mieux que l’année dernière et, boum, je fais le move du milieu en faisant une sorte de coordo de bras où je remonte la main gauche dans une autre presse pour tenir le ballant ! J’étais hyper heureux ! Mais je n’arrive pas à enchaîner à cette séance-là.

J’y retourne une semaine et demie après et j’essaie de recaler le gros move, et là, impossible de le refaire... Soit je ne prends pas la prise correctement, soit je tape trop loin du plat...

Mais bon je ne me décourage pas je me dis autant faire des run du bas avec une pré-fatigue ça peut passer. Le première essai je tape le bac mais je ne tiens pas le ballant Le run suivant sera le bon je claque le move et le réussi comme je l'avais calé ! Plus qu'à rester concentré pour ne pas tomber dans la fin et je rétablis en haut de ce super pilier ! »

Une libération et une nouvelle ère pour la para-escalade

Cet exploit représente bien plus qu'une simple croix dans son carnet de grimpeur. Après un hiver difficile, marqué par des blessures et des conditions d'entraînement compliquées, cette réussite est un soulagement .

« C’est comme une grosse libération, un poids qui s’enlève. C’est aussi une nouvelle limite personnelle et pour le para-escalade qui vient de se briser ! »

Mais Erwan ne compte pas s’arrêter là. Son regard est déjà tourné vers l’avenir, avec un objectif encore plus ambitieux : atteindre le 8e degré à une seule main !