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Laura Pineau enchaîne Wet Lycra Nightmare (8b, 270m)

En 2023, Laura Pineau ne s’attendait pas à voir sa saison bousculée par une simple projection. Lors du festival Arc’teryx de Squamish, elle découvre le film de Samuel Crossley consacré à l’ascension de Wet Lycra Nightmare. Un instant fondateur.
“Ce film m’a profondément touchée. J’ai su immédiatement qu’un jour, moi aussi, j’essaierais cette voie mythique”, raconte-t-elle.
Deux ans plus tard, le pressentiment devient un projet colossal : tenter cette ligne suspendue au-dessus du vide, considérée comme l’une des plus exigeantes du Yosemite.
Ce n’était pas seulement la difficulté qui l’attirait.
“Il y avait ce mouvement improbable de chicken wing à 600 mètres du sol… c’était presque irrationnel, mais j’avais besoin de vivre ça. Et puis la voie rassemble tout ce que j’aime : dalle, fissures, bloc explosif, une cheminée finale exposée. Un condensé de granite.”
Pourtant, rien n’a commencé comme prévu.
En juillet, une lourde chute à vélo la prive de deux mois d’entraînement.
“Arriver dans la vallée si faible aurait pu me détruire mentalement. Mais j’avais trop envie d’être là.”
Pendant dix jours, elle grimpe prudemment, attendant que son épaule guérisse.
“Miraculeusement, la douleur a disparu. À partir de là, je me suis mise sérieusement au travail.”
Suivent six semaines à batailler dans la voie, dix-sept jours de travail au total. Le crux en 8b devient une obsession :
“Quinze essais avant de l’enchaîner en tête. Quand je l’ai fait, j’ai su que tout devenait possible, mais les deux 7c+ derrière restaient monstrueux.”
L’ascension finale s’étale sur trois jours. Le premier, elle lutte cinq fois dans le 8b avant de redescendre dormir à Awahnee Ledge :
“Ma montre Coros affichait 4 700 calories brûlées. J’ai compris qu’il me fallait avaler plus qu’un simple dîner.”
Le deuxième jour, c’est la tempête intérieure :
“Dix essais dans le 8b. Au septième, je tombe dans un passage que je n’avais jamais raté. J’étais au bord de la rupture.”
C’est finalement la musique qui l’aide à reprendre le fil :
“Elle m’a remis dans le flow. Au dixième essai, c’est passé.” Elle enchaîne même la longueur suivante, portée par l’adrénaline.
Le troisième jour restera, dit-elle, “l’un des plus beaux de ma vie de grimpeuse”. Elle lutte dans le dernier 7c+, puis se retrouve coincée dans la cheminée finale :
“Une minute entière bloquée… je pensais vraiment que tout allait s’arrêter là.”
Elle s’en sort pourtant, et clippe enfin le relais final.
“Une fierté immense. Mon premier big wall enchaîné seule.”
Avec Wet Lycra Nightmare, Laura Pineau clôt magistralement ce qu’elle appelle son “année Yosemite” : sept mois de granite, d’engagement et d’histoires suspendues dans le vide. La suite ? Le retour en Europe, “la France, l’Italie, et les falaises du Sud qui m’ont tant manqué.”
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