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Jules Marchaland, entre falaises et blocs extrêmes : interview exclusive

  • Photo du rédacteur: GrimpActu
    GrimpActu
  • 26 sept.
  • 6 min de lecture

Il est le grimpeur fort de cet été. Celui qu’on savait redoutable en falaise nous a prouvé qu’il pouvait aussi s’autoriser des flashs dans des blocs extrêmes, avec une aisance presque déconcertante. Il a accepté de répondre à nos questions pour une interview exclusive, où il partage son vécu, ses émotions et sa vision de l’escalade.


De Power of Now Direct (8C) flash à une moisson impressionnante de blocs mythiques à Magic Wood, et de voies toutes aussi difficiles qu’impressionnantes, Jules Marchaland a marqué les esprits par son efficacité et son enthousiasme contagieux. Avec une énergie débordante, une approche directe et une passion brute pour le caillou, il incarne parfaitement cette nouvelle génération de grimpeurs capables d’exceller partout.


Dans cette interview, il revient sans filtre sur ses réussites, ses doutes, sa vision de l’escalade et ses rêves pour l’avenir.


Jules Marchaland Escalade

Salut Jules, comment ça va en ce moment ?

«Écoute, ça va très bien ! Je suis super content de ne pas avoir de compétitions et de pouvoir grimper dehors comme je veux, c’est génial. Mon trip à Flatanger a été un peu mitigé parce que j’ai été malade et j’ai eu des soucis de dos et de jambes… donc pas top. Mais à part ça, tout va bien dans ma vie, je suis heureux et j’adore pouvoir faire ce que j’aime. »


On avait échangé lors de ta performance à Claret avec Le Bruit de l’Acid’ (9b), puis pendant ton défi sur la Kilter Board avec les 100 blocs en 8A. Est-ce que tu sens que tu as progressé depuis cette période ?

«Je ne sais pas si j’ai vraiment progressé, mais j’ai eu l’occasion de travailler sur des projets qui me correspondaient bien, et la chance m’a plutôt souri. Donc je ne sais pas si je suis plus fort qu’avant, mais en tout cas j’ai eu plus d’opportunités de faire des choses que je ne pouvais pas faire quand j’étais à fond dans les compètes et l’entraînement. »



Jules Marchaland Escalade

Cet été a été incroyable pour toi, notamment avec le flash de Power of Now Direct (8C). Comment as-tu vécu ce moment ?

«C’était génial ! J’ai vraiment adoré faire du bloc, c’était une nouvelle pratique pour moi, et je me suis régalé. En plus, réussir une perf comme ça, c’était la cerise sur le gâteau. J’étais ultra heureux et excité avant d’y aller, et tout s’est passé comme dans un rêve. Un pur bonheur. »


Tu as aussi enchaîné d’autres grosses perfs à Magic Wood, avec plusieurs blocs en 8C et 8B+. Peux-tu nous raconter ?

«En Suisse, j’ai fait plusieurs 8C et 8B+, c’était super. Souvent, je n’étais pas loin de réussir des flashs en 8B+, mais à chaque fois il me manquait un petit détail. Je suis quelqu’un de très impatient, et je l’accepte, mais du coup je n’arrivais pas toujours à rester assez concentré pour que le flash soit parfait. Ça m’a fait grandir, j’apprends de mes erreurs.Mais globalement, c’était incroyable : j’ai pu enchaîner plein de blocs classiques que j’avais vus des centaines de fois en vidéo. J’étais ultra excité d’y aller, et tout s’est bien passé. J’ai la force de doigts nécessaire pour les faire assez vite, et c’est hyper plaisant quand ça se déroule comme ça. Je ne vais pas détailler chaque bloc, mais dans l’ensemble, ça s’est toujours super bien passé. J’ai adoré le processus d’apprentissage et de découverte. Les séquences de bloc sont souvent plus dures et spécifiques que dans les voies, et c’est génial à explorer. »




Lors de notre dernier échange, tu nous avais parlé de ton projet Rastaman Vibrations. Yannick Flohé vient de la réussir. Où en es-tu ?

«J’ai beaucoup essayé Rastaman, une quinzaine de séances, ce qui est long pour moi car j’aime enchaîner vite. Au final, j’avais l’impression d’être “parfait” dedans, mais il me manquait ce petit surplus de rési, et je n’arrivais plus à progresser.J’étais à deux mouvements de l’enchaînement, mais ces deux moves représentaient une énorme différence. J’ai donc décidé de changer de projet pour ne pas me frustrer, et de me faire plaisir ailleurs. Je ne regrette pas, je reviendrai plus tard avec plus de rési. »


Ton approche est très directe et rapide dans tes projets. Est-ce une force ou un défi à gérer ?

«Je pense que ça vient d’une sorte de frustration liée à la compétition. Quand tu t’entraînes pour ça, tu ne peux pas trop forcer en falaise, car ce n’est pas spécifique, ça fatigue et ça use. J’ai l’impression de rattraper le temps perdu maintenant.Mon style d’escalade me permet d’être assez vite proche de mon max, et j’essaie d’en profiter pour enchaîner pas mal de voies rapidement. Ça me fait plaisir. Et petit à petit, je construis une maturité autour du caillou qui me permettra peut-être de me lancer dans des projets plus longs, ce que j’espère si je veux viser très dur. »


Jules Marchaland Escalade

Ta saison de compétition a été contrastée. Est-ce que ça t’a donné envie de te recentrer sur le rocher ?

«Oui, clairement. En ce moment, j’ai les yeux rivés uniquement sur la falaise. La compète, c’est bien quand ça marche, mais moi ce qui me plaît, c’est de faire mieux que ce que j’ai déjà fait. Et là, j’ai vu que je n’étais pas au niveau pour atteindre les finales : mes problèmes de rési rendent ça très compliqué. Actuellement, je suis beaucoup plus fait pour la falaise, et surtout plus heureux là-bas. »


Qu’est-ce qui te procure le plus de plaisir aujourd’hui : l’adrénaline des compétitions ou la liberté sur le caillou ?

«Sans hésiter : le caillou, un million de fois plus. Que ce soit en falaise, en flash ou en bloc, je suis clairement plus épanoui. La compétition procure des émotions incroyables quand ça marche, mais pour moi c’est très dur de mettre en place des choses pour que cela marche. Cette année, ça n’a pas été le cas. Donc oui, caillou à fond, sans aucun doute. »


Tu te définis avant tout comme un falaisiste, mais cet été tu as explosé en bloc. Ton identité de grimpeur évolue-t-elle ?

«Je me définis comme falaisiste parce qu’à Nice, on a surtout grandi sur la falaise. Mais je ne me suis jamais enfermé là-dedans. Avant, je faisais beaucoup de falaise pour garder de la rési en vue des compètes de diff, donc je me privais un peu du bloc.

Mon identité de grimpeur évolue sûrement. Mais j’adore toujours la falaise. En fait, j’ai juste envie d’être un grimpeur complet : parfois j’aurai des périodes falaise, parfois bloc. Cet été, j’ai fait un mois complet de bloc, cet hiver je pars deux mois en trip bloc, et là je refais de la falaise. Ce qui compte pour moi, c’est de suivre la motivation du moment. »


Jules Marchaland Escalade

Tout grimpeur atteint parfois un palier. Comment fais-tu pour le dépasser ?

«En voie, ça m’arrive souvent. J’arrive assez vite à ce que je crois être mon maximum, et j’ai l’impression de stagner. C’est dur, car après 4-5 jours je suis “parfait” dans la voie, mais ça ne passe pas. C’est frustrant de refaire les mêmes essais sans progrès.

Alors plutôt que de forcer à dépasser ce palier, je préfère aller découvrir d’autres projets. Ça m’apporte du plaisir, et je considère que c’est une autre manière d’avancer. »


Qu’est-ce qui guide ton escalade : le plaisir, la performance, le dépassement de soi?

«J’adore découvrir de nouveaux mouvements, toucher de nouvelles prises, varier. Le dépassement de soi est génial : réussir quelque chose qui te paraissait impossible au début, c’est magique. Mais j’adore aussi l’efficacité, et c’est pour ça que le flash m’attire beaucoup. Grimper quelque chose proche de ton max très rapidement, c’est hyper excitant.En réalité, j’aime tout dans l’escalade : la variété, le dépassement de soi, la créativité des mouvements. C’est juste ce que je préfère au monde. »


Dans 5 à 10 ans, comment vois-tu l’évolution de l’escalade en extérieur et ton rôle dedans ?

«Tout dépend si les meilleurs compétiteurs du monde s’investissent vraiment à 100 % dans la falaise. Si oui, on pourrait voir des progrès énormes. Sinon, je pense que l’escalade va un peu stagner un temps, avant de voir apparaître des performances hallucinantes. Mais je ne pense pas qu’on verra du 9C+ ou un 9B flash tout de suite. Quant à moi, pour l’instant j’ai encore des preuves à faire si je veux espérer vivre de ma passion. Selon comment ça évoluera, j’aimerais contribuer au sport par mes performances, mes nouveautés, ou autre. Mais avant tout, je fais ça pour moi, parce que j’aime ça, et ça me va très bien comme ça. »


Jules Marchaland Escalade

✍️ : Théo de GrimpActu

 💬: Jules Marchaland

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