OWL Fest 2025 au Perchoir : escalade, engagement et fête au cœur de l'Isère
- GrimpActu

- 14 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 nov.
Il est midi dans la vallée du Grésivaudan. Le soleil tape doucement sur les parois qui bordent la route, et déjà, on entend la rumeur d’une foule enjouée monter depuis les abords du Perchoir, ce lieu hybride qui mêle grimpe, café et musique.
Ici, la grimpe ne se vit pas seulement sur les murs elle se raconte, se partage, s’écoute. Entre ses volumes colorés, son café-restaurant labellisé Écotable et ses grandes baies ouvertes sur les montagnes, le Perchoir s’est imposé comme un refuge moderne pour grimpeurs, artistes et rêveurs.
C’est ici que s’est tenue, le 11 octobre, la deuxième édition du OWL Fest un rendez-vous déjà mythique dans la culture grimpe contemporaine. Au programme : un contest par équipes mixte, des tables rondes sur l’engagement et l’écologie, des stands créatifs et festifs, et une soirée musicale pour prolonger la journée dans la convivialité.

L’esprit du OWL Fest : grimper, vibrer, militer
Deux ans à peine après sa création, l’événement affiche déjà complet. Le OWL Fest n’est pas qu’un simple contest : c’est une célébration de la grimpe dans toutes ses dimensions / effort, partage, engagement et fête.
Dès midi, la première vague de participants s’élance sur les blocs. 150 grimpeurs et grimpeuses, répartis en équipes de trois, vont passer trois heures intenses à lire les lignes, chercher les prises, tester les méthodes. La deuxième vague prend le relais à 15h30, et l’énergie ne faiblit pas.
Sur les tapis, les chutes se mêlent aux rires, et chaque essai devient un petit moment partagé. La compétition n’est pas une fin en soi : ce qui compte, c’est le plaisir de grimper ensemble, l’échange entre amis et la camaraderie qui traverse la salle. L’ambiance est détendue, vibrante, vivante : on s’encourage, on rit, on se félicite. La grimpe redevient ce qu’elle est dans ses racines, un jeu collectif, joyeux et inclusif.
Un village d’initiatives et de curiosités
Mais le OWL Fest, c’est bien plus qu’une suite de blocs à enchaîner.
Tout autour du Perchoir, un petit village effervescent s’est installé :
stand de sérigraphie textile et corporelle, pour se décorer ou floquer son t-shirt du jour,
bar à paillettes, devenu passage obligé, symbole assumé d’une grimpe décomplexée,
stand de piercing tenu par Les Meufs de Pique,
jeux en bois, poutres et barres de traction, pour prolonger le plaisir autrement,
et bien sûr, bar et restauration en continu, carburant indispensable à la fête.
À 19h, alors que le soleil se couche sur la vallée, une démonstration de pole dance sportive attire la foule. Force, grâce et engagement : encore une autre manière de célébrer le corps en mouvement.

Escalade et engagement : deux tables rondes pour réfléchir
L’esprit du OWL Fest, c’est aussi penser la grimpe. Deux tables rondes ont rythmé l’après-midi, donnant à l’événement une dimension militante et réflexive.
CLIPPE : rouvrir les falaises, réinventer la gestion
À 13h, quelques curieux s’installent pour écouter les membres de l’association CLIPPE, actifs dans la Drôme et le Vercors. Leur mission : rouvrir les sites naturels d’escalade (SNE) fermés après le déconventionnement de la FFME. Petite équipe de bénévoles une quinzaine de membres seulement, CLIPPE milite pour un modèle de gestion locale et solidaire, sans monétisation, fondé sur la confiance et la proximité. Leur approche réinvente le rapport entre grimpeurs, collectivités et propriétaires.
➡️ Un travail de fond que nous vous racontons plus en détail dans notre article : Le Collectif CLIPPE, rétablir l’accès aux falaises du Royans.
Escalade et militantisme : croiser les luttes
À 16h, la salle se fait plus silencieuse. Sébastien Berthe et Soline Kentzel, figures fortes d’une grimpe engagée, animent une table ronde passionnante sur les formes de militantisme. On y parle de non-violence, d’intersectionnalité, de désarmement, de luttes écologiques et sociales. Leur message est clair : “On ne peut pas militer pour tout, mais chacun peut trouver sa forme de lutte. Ce qui compte, c’est la convergence des valeurs.”
L’atelier qui suit met les participants à contribution : en petits groupes, ils imaginent des stratégies d’action pour contrer des projets fictifs privatisation de falaises, sport washing politique, ou dérives économiques de l’escalade. Des actions conventionnelles (mobiliser experts, médias, juristes) côtoient des actions non conventionnelles (créer une ZAD, manifester, occuper). La réflexion est vive, les débats passionnés : preuve que la grimpe, aujourd’hui, ne se limite plus à la performance, mais s’enracine dans une culture de la conscience et du collectif.

La finale : lumière, intensité, apothéose
La nuit tombe sur le Perchoir. À 20h30, la voix de La Mortille résonne dans les haut-parleurs : la finale peut commencer. Les projecteurs balaient les murs, les prises scintillent, la foule s’agglutine autour des tapis. Les quatre équipes qualifiées s’élancent tour à tour.
Les blocs sont exigeants, les méthodes se cherchent, les encouragements explosent à chaque mouvement. Après des minutes d’intensité pure, la Team Trois Fromages (Lily Abriat, Kito Martini, Jo Perrin), s’impose face à la Team Faya (Chloé Caulier, Hannes Van Duysen, Corentin Laporte), dans une ambiance incroyable et bienveillante. Les applaudissements couvrent la musique : ici, chaque chute est une victoire partagée.
La nuit, l’après-grimpe et la fête
23h. Les blocs se taisent, mais la fête, elle, ne fait que commencer. Direction le Ninkasi, à cinq minutes du Perchoir. Les verres s’entrechoquent, les corps se délient, la musique prend le relais. Fi-L0 ouvre le bal avec un set électronique tout en nuances, puis Decklicat embarque la salle dans une transe techno sensible. R1 enchaîne deux heures d’“acide grenobloise” envoûtante, avant que Vieux Dock ne clôture la nuit sur une note euphorique.
Les sourires sont fatigués, les visages encore couverts de paillettes.
L’esprit du OWL Fest, c’est celui d’une communauté soudée, libre fière d’appartenir à un mouvement qui danse autant qu’il grimpe.



























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