top of page

Le Passe-Muraille : quand la grimpe se mêle à l’art à Paris

  • Photo du rédacteur: GrimpActu
    GrimpActu
  • il y a 2 jours
  • 4 min de lecture

Il y a des moments où l’escalade va bien au-delà du geste sportif.


Des instants où le corps en mouvement devient une ligne, une respiration, un trait de couleur dans l’espace. Du 4 décembre 2025 au 4 janvier 2025, le Climbing District Buttes-Chaumont invite à vivre l’un de ces moments suspendus avec l’exposition “Le Passe-Muraille : l’escalade, l’art de franchir le mur”.


Trois artistes-grimpeurs — Stuart Lim Beekmeyer, Coralie Huon et Chici Fang — y dévoilent leur façon unique de faire dialoguer art et verticalité.Ici, le mur n’est plus seulement un support : c’est une scène, une matière, un terrain d’expression.


L’exposition imagine l’escalade comme un langage : une manière de raconter le monde, de traduire un geste, d’habiter l’espace. Et chacun des trois artistes revisite à sa façon cette rencontre entre mouvement, perception et création.


Le Passe-Muraille
Commissariat d'exposition : Xiangcheng GUO

Trois visions de la verticalité :


Stuart Lim Beekmeyer — sculpter le mouvement

Architecte paysagiste de formation, Stuart Lim Beekmeyer explore l’espace comme un corps à habiter. Avec sa Technique Pixel, il transforme les gestes de peinture en volumes grimpables : « Ce que l’escalade apporte à l’art ? Principalement de la joie. Voir des gens interagir avec mon travail est une joie pure », confie-t-il.


Pour Stuart, la grimpe et l’art partagent la même impulsion : toucher, pousser, transformer la surface. Chaque trace devient un point d’appui, chaque texture un élément de composition. Au Climbing District, ses murs se font interactifs : le spectateur grimpe, explore, ressent — et participe à ce qu’il appelle « une co-création en temps réel ». Ce n’est pas la performance qui prime, mais la présence du corps et la manière dont il écrit une chorégraphie unique dans l’espace.


« Chaque trace, chaque texture devient un point d’appui. Le spectateur écrit sa propre chorégraphie dans l’espace. »

Sa Pixel Technique naît d’un dialogue entre l’œil de l’artiste et celui du grimpeur.

À partir de modèles 3D, il transforme des coups de pinceau en topographies grimpables, capturant l’ambiguïté de texture des roches naturelles. Pour Stuart, l’œuvre devrait disparaître pendant l’effort, ne laissant voir que le grimpeur, avant de réapparaître ensuite à la réflexion.


L’artiste aime aussi créer un lien avec le contexte : en salle, le mur change selon l’ouvreur ; en extérieur, il imagine une œuvre grimpable en harmonie avec son environnement ; en galerie, il souhaite que le public ressente l’énergie d’une salle de bloc ou d’une falaise. Et parfois, un souvenir reste : Fontainebleau, un grain de texture qu’il n’a jamais pu saisir, lui rappelle que l’expérience complète d’une sculpture ne se mesure qu’en la vivant.


Le Passe-Muraille
Stuart Lim Beekmeyer

Coralie Huon — la poésie suspendue

Pour Coralie Huon, l’escalade est avant tout une expérience de pleine présence :

un accord subtil entre le corps et l’esprit, entre l’œil et la main.


« Ce que m’apporte la grimpe dans ma pratique artistique ? Des sensations que je ne trouve nulle part ailleurs, une osmose totale entre mouvement et intention », explique-t-elle.


Ses illustrations traduisent ce dialogue intime avec la paroi, qu’elle soit artificielle ou naturelle. Chaque geste — tracer une ligne, équilibrer une forme, suivre un corps en mouvement — devient une exploration graphique et chorégraphique.


Loin de glorifier le sommet, elle capte le chemin, l’émotion, le flow : ce moment fugace où l’on quitte le sol et où le geste devient fluide, presque effacé, un instant suspendu hors du temps.


« L’escalade est une osmose totale entre mouvement et intention. Chaque geste devient un instant suspendu hors du temps. »

Sur ses murs, les prises deviennent des points d’accroche poétiques, les grimpeurs se déplacent dans des compositions oscillant entre abstraction et récit. L’escalade, pour Coralie, ressemble à un dessin vivant : chaque mouvement compose une page blanche où l’on explore équilibre, hésitation et fluidité. Elle souhaite que les visiteurs découvrent ces sensations et se laissent surprendre par leurs propres interprétations, réinventant son travail à chaque regard.


Le Passe-Muraille
Coralie Huon

Chici Fang — Kandinsky sur le mur

Chici Fang perçoit chaque mur d’escalade comme une partition visuelle et musicale. Les couleurs, les formes et les trajectoires des prises composent un rythme que le grimpeur vient interpréter.


« Si un mur est une toile, alors un grimpeur est un pinceau qui la traverse. »

Son travail s’inspire de Kandinsky et de la synesthésie entre sons et couleurs. Chaque voie devient une œuvre vivante, jamais figée, qui s’active seulement lorsque quelqu’un grimpe. Les prises ne sont plus des objets fonctionnels, mais des notes, des pulsations, des signes invitant le corps à explorer et à créer sa propre chorégraphie.


Pour Chici, l’escalade est avant tout une danse du corps et de l’esprit, où l’échec et la reprise font partie intégrante de l’expérience. Les imperfections et les tentatives multiples deviennent une forme de beauté et un moteur créatif. Elle souhaite que les visiteurs ressentent plaisir, curiosité et envie d’expérimenter eux-mêmes, transformant chaque mur en un espace de liberté et de jeu esthétique.


Le Passe-Muraille
Chici Fang

Une exposition inspirée du “Passe-Muraille” de Marcel Aymé

Le titre de l’exposition rend hommage à la célèbre nouvelle où un homme traverse les murs. Ici, le geste est symbolique : franchir les murs physiques, dépasser les limites créatives, et repousser les barrières mentales.


À travers cette référence littéraire, l’exposition affirme que l’escalade est bien plus qu’un sport : c’est une métaphore de la liberté, de l’élan intérieur et de la transformation. Chaque mouvement devient un passage, chaque trajectoire une aventure à la fois physique et émotionnelle.


L’escalade comme art total

L’exposition montre que l’escalade contemporaine a évolué bien au-delà d’une simple pratique sportive pour devenir une véritable pratique culturelle et artistique.


Les artistes invités transforment le mur en espace de création, où le corps devient à la fois outil, langage et interprète. Chaque geste sur la paroi est chargé d’émotion, de sensibilité et de poésie, révélant que grimper n’est pas seulement un effort physique, mais un acte de dépassement, d’imagination et de réinvention de l’espace.


Cette démarche s’inscrit dans la continuité de l’escalade artistique initiée par des figures comme Patrick Edlinger, qui voyait déjà ses ascensions comme une danse verticale, un mouvement esthétique et expressif. L’exposition vise également à faire découvrir cette pratique pleine d’esthétique au grand public, tout en enrichissant les possibles croisements entre art et sport.


Ainsi, l’escalade est présentée comme une forme d’art total, où la verticalité devient scène, le geste devient langage et le mur devient un support infini de créativité et d’expérience.


Le Passe Muraille
Le Passe Muraille

✍️ : Théo de GrimpActu.


Commentaires


Nos derniers articles :

GrimpActu : La voix des grimpeur·euse·s passionné·es

GrimpActu est le média dédié à l’univers de l’escalade sous toutes ses facettes. Plus qu’un simple relais d’actualités de performance, il propose des articles pour progresser,  s’inspirer d’histoires marquantes et explorer les dernières innovations en matière de matériel. GrimpActu, c’est aussi des conseils bien-être et santé pour grimper durablement et sans blessure. Un média fait par et pour les passionné·es, au service d’une communauté qui partage le goût de la verticalité et de l’aventure.

  • Instagram
  • Facebook
Logo GrimpActu

Abonnez-vous gratuitement à notre newsletter !

Recevez chaque dernier samedi du mois un e-mail gratuit avec les meilleures actus, conseils et inspirations pour progresser en escalade.

Merci pour votre envoi !

bottom of page