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Baisse de performance : les bonnes questions à se poser

Dernière mise à jour : 27 sept.


Si tu fais partie des grimpeurs-euses avec un bon niveau et que tu t’es déjà fait

rouster dans une voie normalement « rando », si ton explication (ou celles de tes

potes) est que tu n’es pas assez fit et qu’il faudrait t’entrainer plus et manger moins,

cet article est pour toi. Et pour les autres aussi car la tentation de se restreindre

arrive vite lorsqu’on traverse une baisse de forme.


Alors oui, parfois on peut avoir réellement besoin de perdre du poids et cela doit se

faire avec un suivi approprié par un.e professionnel.le de santé formé.e. Il est

possible de trouver un nouvel équilibre entre poids, alimentation et entrainement

mais il ne faut pas s’attendre à ce que la performance soit au rendez-vous de

manière certaine. En effet, les études scientifiques sur le sujet indiquent qu’il n’y a

pas de preuve que la perte de poids améliore la performance, contrairement à la

prise de force dans les avants-bras, au travail de la souplesse ou encore de

l’endurance .


En revanche, le lien entre une alimentation troublée et la blessure est bien établi par la recherche donc on ne diminue pas ses apports alimentaires comme ça, juste parce qu’on a été vexé.e par une voie ou un bloc, au risque de mettre le doigt dans l’engrenage de la sous-alimentation-blessure.


En diététique du sport, on ne parle d’engrenage mais du cycle de la sous-alimentation-blessure (underfueling-injury cycle), un cercle très vicieux puisqu’il entretient la non-performance de la façon suivante :


L’athlète connaît une baisse de forme et décide d’adopter un comportement de

restriction alimentaire. En parallèle, il met les bouchées doubles à l’entrainement

pour essayer de retrouver le niveau du pic de forme. Mais sur la résine, les

sensations ne sont pas bonnes. Alors il/elle s’entraine encore plus dur et mange

encore moins…jusqu’au moment où l’organisme n’a plus les ressources pour

réparer les muscles et les articulations au fur et à mesure et c’est la blessure.

De fait, ne pouvant plus s’entrainer comme d’habitude, le/la grimpeur.se ne se sent

pas très en forme et se fait rouster dans des cotations qui ne devraient pas poser

de problème…et repart dans un nouveau cycle.


Cf études de Gronahug (2018), Arazi (2016), Laffaye (2016), Mermier (2000), Ozimek (2017), Laval (2019), Michael (2019), Giles (2020) et Vereide (2022). Pour les retrouver, taper le nom,

l’année et « climbing abilities » dans le moteur de recherche google scholar.


La restriction alimentaire, celle qui fait éviter, juger voire diaboliser certains aliments

et manger moins que nécessaire n’est donc jamais une bonne idée. Attention, cela

ne signifie pas qu’il faille manger le double de ses rations sans réfléchir quand les

performances ne sont pas au rendez-vous ! Mais plutôt se poser les bonnes

questions, à savoir :


Depuis combien de temps étais-je en pic de forme (car comme son nom l’indique,

c’est un pic, pas un état constant, et en général il dure environ 3 semaines) ?


Ai-je une dette de sommeil ces derniers temps ?

Est-ce que j’ai consommé de l’alcool récemment ?

Peut-être devrais-je vérifier mon statut en fer, en vitamine D, etc, avec un médecin?

Y a-t-il un virus qui circule dans l’équipe en ce moment ?

Pour les personnes concernées : est-ce que cela se reproduit à chaque fois au

même moment de mon cycle menstruel ?

Ai-je des soucis professionnels ou personnels qui parasitent ma concentration ?

Celles et ceux qui ont une pratique d’escalade vraiment intensive ont aussi intérêt

à se poser la question de l’alimentation, non pas pour diminuer leurs apports mais

au contraire pour vérifier qu’ils sont en relation avec leur dépense énergétique. De

trop nombreux sportifs ne mangent pas suffisamment du fait que l’appétit est coupé

par l’effort, ce qui augmente le risque de faible disponibilité énergétique et de

blessure.


En résumé, il est important de garder à l’esprit que la recherche en médecine du

sport, physiologie et alimentation a démontré à ne nombreuses reprises que l’indice

de masse corporelle n’est pas associé à une meilleure performance en escalade.

Les données anthropométriques (taille et poids) n’interviennent que dans 1,8 à 4%

de l’aptitude à grimper, il y a donc plus à perdre qu’à gagner à chercher à manger

moins pour perdre du poids lorsque qu’on vise la performance. La vigilance est

donc de rigueur lorsque notre état de forme est en baisse car la solution qui semble

la plus immédiate n’est pas toujours la meilleure.




Rappel, on considère la pratique intensive pour les mineurs dès que le nombre d’heures d’entrainement est supérieur à l’âge (exemple : 15h/semaine à l’âge de 12 ans) et pour les adultes à partir de 5h/jour.

Mermier (2000), Laffaye (2016).


💬 : Amandine Verchere

🗞️ : GrimpActu.




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