« Générations Futures » (9A) : l’héritage vertical de Hugo Parmentier à Céüse
- GrimpActu
- 27 juin
- 3 min de lecture
Il y a des lignes qui dépassent la performance. Des lignes qui racontent une histoire, une époque, une vision. Avec « Générations Futures », sa dernière réalisation en première ascension dans le célèbre cirque calcaire de Céüse, Hugo Parmentier entre dans une nouvelle dimension. Plus qu’un enchaînement, c’est une déclaration d’amour à la grimpe en grande envolée, une lettre ouverte aux passionnés, et un appel au rêve.
Céüse, temple intemporel de l’escalade
Située dans les Hautes-Alpes, la falaise de Céüse n’a plus besoin de carte de visite. C’est là que les plus grandes pages de l’escalade sportive moderne se sont écrites, de Biographie par Chris Sharma à Bibliographie par Alex Megos. Mais au-delà des cotations mythiques, Céüse impose le respect par l’esthétique de ses murs, l’engagement physique et mental qu’ils exigent, et la pureté de leur calcaire bleuté.
C’est dans ce décor quasi mystique qu’Hugo Parmentier vient d’ouvrir « Générations Futures », une voie de plus de 60 mètres qui trace un itinéraire audacieux dans le bombé bleu de Nitshapa, secteur encore préservé de la foule.

Une ligne d’exception née d’un rêve éveillé
Ce n’est pas une voie qu’on enchaîne à la volée. C’est un projet qu’on apprivoise. Une vision, d’abord née d’une photo sur Instagram postée en 2021 par Jean-Baptiste Jourjon, ouvreur chambrien réputé. Pour Hugo, alors encore engagé dans le circuit de compétition, ce n’était qu’un mirage lointain. Il aura fallu une pause sabbatique, un besoin de retour au rocher, et une complicité avec sa compagne Tess, pour que le rêve prenne forme. Et quel rêve : mouvements variés, prises multiples, rocher sculpté à la perfection, amplitude rare, runouts engagés… Avec en prime la logistique bien réelle d’une voie peu visitée : marche d’approche rallongée, tirage de corde complexe, lichens à brosser sur un caillou pourtant somptueux, et l’impossibilité de tricher avec les méthodes. Du vrai travail de pionnier.
« C’est sans doute la plus belle longueur de ma vie »
Un effort au long cours, suspendu hors du temps
Sur le papier, « Générations Futures » pourrait se lire comme un condensé d’épuisement : deux trips avortés par des pluies diluviennes, une maladie, et un enchaînement difficile à finaliser, même pour un athlète aussi affûté. Pourtant, dans les mots d’Hugo, c’est autre chose qui ressort : une sorte de félicité verticale, d’état de grâce suspendu à la corde comme au temps.
« À chaque run, je réalisais le privilège que j’avais de grimper là »
Car cette ascension n’est pas un simple trophée. Elle est vécue, partagée, offerte. Avec Tess, qui jongle entre ses propres projets à Demi Lune, avec les amis qui viennent filmer cette aventure (Jérôme Tanon et Jan Novak), avec les générations futures, justement, à qui cette ligne est désormais léguée.

Un pas de plus vers l’héritage
En nommant la voie « Générations Futures », l'équipeur ouvre un espace symbolique : celui de la transmission. Il inscrit sa trace dans une falaise où chaque voie majeure devient chapitre d’une mémoire collective. Dans un monde de performances parfois standardisées, où la surenchère de la cotation fait la une, cette ligne se distingue par sa beauté intrinsèque, sa logique de grimpe, et son engagement.
Une ligne manifeste
« Générations Futures », c’est plus qu’un nom. C’est une invitation. À grimper avec les yeux ouverts, à explorer avec humilité, à oser les voies longues, complexes, moins “instagrammables” mais tellement plus profondes. Avec cette première, Hugo Parmentier confirme ce que beaucoup pressentaient : il est bien plus qu’un compétiteur reconverti. C’est un grimpeur complet, sensible, visionnaire.
Et à Céüse, il vient de graver un message intemporel dans le calcaire des légendes.
✍️ Théo de GrimpActu
💬 Hugo Parmentier
📷 Jerome Tanon
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